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Pour un monde meilleur on a urgemment besoin de nouvelles histoires

Je suis convaincu que le fait de raconter des histoires fortes peut être un levier puissant pour briser le carcan qui entoure notre manière de penser et de voir les choses. Les histoires sont par excellence un instrument humain, apte à être utilise pour rendre le monde plus viable. Parce que c’est dans les histoires que nous pouvons puiser la force pour nous attaquer aux immenses problèmes et défis auxquels nous sommes confrontés.

Yuval Noah Harari

En Belgique, plus de 400 000 personnes sont chez elles depuis plus d'un an, parce qu’elles sont dans l’incapacité de travailler. Le rythme effréné de notre société les rend malades. Nos dirigeants politiques ne semblent s'intéresser qu'aux solutions à court terme et à leur propre profit.

Et chaque jour, des signaux de la nature nous indiquent que le monde est au bord du gouffre, voire déjà dans le ravin. Dans ce texte par exemple, Umair Haque explique que l’effondrement prédit par le mouvement des collapsologues est déjà en train de se produire.

Dans un monde qui connaît une telle dérive, il y a un grand besoin d'imagination, de connexion, de coopération et une nécessité urgente de transcender les oppositions entre le noir et le blanc pour trouver l'or dans toutes les couleurs de l'arc-en-ciel qui se trouvent entre ce noir et ce blanc.

Raconter des histoires

Heureusement, l'espèce humaine dispose de cette imagination, étant donné qu’elle est aussi capable de raconter des histoires.

Et avec ces histoires, nous pouvons faire du monde un endroit meilleur. Parce que nous pouvons y puiser la force de nous attaquer aux immenses problèmes et défis auxquels nous sommes confrontés.

Le futurologue danois Rolf Jensen l'avait prédit déjà il y a vingt ans dans son livre The Dream Society. Pourquoi, de tous les mammifères, l'homme a-t-il réussi à dominer le monde ? C'est l'une des questions philosophiques abordées dans le best-seller mondial de Yuval Noah Harari, Sapiens.

Selon lui, la réponse à cette question ne réside pas dans nos capacités individuelles ou intellectuelles, mais dans le fait que les humains sont des êtres sociaux capables de travailler ensemble.

Nous sommes avant tout des êtres sociaux, qui ont besoin de contacts sociaux. C'est pourquoi on a récemment accordé beaucoup d'attention aux problèmes croissants de la solitude.

Selon une recherche de Harvard, la solitude aura le même effet sur les gens que le fait de fumer quinze cigarettes par jour.

Bien sûr, les gens ne sont pas les seules créatures qui ont un sentiment d'appartenance et un besoin de contact social. Les mammifères, les insectes et les oiseaux sont aussi souvent des créatures collaboratrices.

Des concepts tels que l'argent et les affaires sont des inventions

Cependant, ce qui nous différencie de ces créatures, c'est notre imagination. Comme Noah Harari l'écrit avec justesse, nous, les humains, sommes les seuls êtres capables d'inventer des histoires et des concepts qui sont séparés de la réalité physique et biologique et qui y croient.

Tout bien considéré, des concepts tels que l'argent, la religion, les affaires et les droits de l'homme ne sont en fait rien d'autre que les pensées d'un groupe de personnes qui ont décidé de faire de ces pensées une réalité.

Harari écrit qu'en tant qu'êtres humains nous vivons en fait dans une double réalité : d'une part la réalité objective des rivières, des arbres, des montagnes et des animaux et d'autre part la réalité fictive des dieux, des nations, des frontières et des groupes.

Oser imaginer l’inimaginable

Il est plus que jamais temps de développer de nouveaux concepts avec une meilleure version du monde. Et exactement cela ne semble pas fonctionner pour le moment. Des personnes comme Elon Musk semblent être devenues une exception. Un des seuls à pouvoir encore oser imaginer l’inimaginable, en s'efforçant de trouver des concepts qui ne semblent pas réalistes aujourd'hui.

Nous avons besoin du pouvoir du changement, et les politiciens gagnent une élection après l'autre avec la promesse du changement, mais dans la pratique, chaque jour montre combien la peur de ce changement est grande.

La peur est paralysante et mène à des blocages alarmants, et cela parce qu'aujourd'hui, plus que jamais, nous, en tant que peuple, valorisons plus ce que nous pouvons perdre par le changement que ce que nous pouvons gagner par le changement, comme l'a écrit le lauréat du prix Nobel Daniel Kahneman.   

Oser sortir des cadres existants au lieu de s'accrocher au familier "nous l'avons toujours fait de cette façon, alors pourquoi devrions-nous changer". 

Cela explique aussi, entre autres, pourquoi les idées de David Van Reybrouck d'avoir le courage de regarder la démocratie sous un angle différent se heurtent à tant de résistance.

Je suis convaincu que le fait de raconter des histoires fortes, comme le disait Rolf Jensen il y a vingt ans, peut être un levier puissant pour briser le carcan qui entoure notre manière de penser. 

Les bonnes histoires libèrent l'ocytocine, "l'hormone de connexion"

Le besoin d'histoires - témoin le succès de Netflix - n'a jamais été aussi grand qu'aujourd'hui. Il a également été prouvé que les bonnes histoires dans notre cerveau libèrent l'ocytocine, " l'hormone de connexion ". L'ocytocine nous rend plus réceptifs aux nouvelles idées et augmente notre volonté de travailler ensemble sur des idées innovantes.

La façon la plus rapide et la plus facile de dévisser des vis, des écrous ou des boulons rouillés est de les " effrayer ". En les tapant soigneusement avec un marteau. On peut donc utiliser les histoires pour faire quelque chose contre les idées rouillées. 

L'histoire du réfugié soudanais Valentino Achak Deng tirée du livre « What is the What ? »   de Dave Eggers, par exemple, devrait être une lecture obligatoire pour tous ceux qui ont des opinions bien ancrées sur la migration et peut être un levier pour travailler ensemble à des solutions.